Pour montrer l'exemple

Les Prophètes ont été envoyés pour servir d'exemples qui doivent être suivis consciencieusement. Après avoir mentionné les Prophètes dans la sourate al-An'am, Dieu dit à son dernier Messager: Voilà ceux que Dieu a guidés: suis donc leur direction. (6:90) Et l'on nous demande en particulier de suivre l'exemple de Mohammed: En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle à suivre, pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment. (33:21)

Le Messager de Dieu est notre leader. De même que nous prions comme il priait, nous devons nous efforcer de vivre comme il vivait. Ceux qui le suivirent durant le premier siècle de l'ère islamique étaient de réels représentants de la véritable vie islamique. L'Envoyé de Dieu dit d'eux:

Les armées musulmanes arriveront, après moi, aux portes des villes. On leur demandera: «Est-ce que l'un de vous a déjà vu le Prophète?» La réponse sera affirmative et les portes s'ouvriront à eux. Ceux qui leur succéderont feront aussi le djihad et seront de même interrogés: «Est-ce que l'un de vous a déjà vu ceux qui ont vu le Prophète?» Ils répondront par l'affirmative et ils conquerront ces villes. Quant à la troisième génération, on leur demandera: «Est-ce que l'un de vous a déjà vu ceux qui ont vu les disciples des Compagnons du Prophète?» Quand cette question aura une réponse affirmative, leur conquête sera couronnée de succès.[1]

Dans un autre hadith rapporté par Bukhari et Muslim, le Messager de Dieu dit: «Les meilleurs de ma nation sont ceux de ma génération, puis ceux qui leurs succéderont, puis ceux qui suivront ces derniers.»[2]

Ces trois générations ont scrupuleusement suivi le Prophète et, grâce à cela, ont obtenu de grandes victoires à travers le monde. Jésus les avait prédites: «Les bannières des saintes personnes sont entre leurs mains.»[3] Les «saintes personnes» sont les Compagnons de Mohammed et ceux qui suivent leur chemin à chaque époque.

Selon un hadith, bien que sa chaîne de transmission soit faible, le Messager de Dieu déclare: «Les savants pieux de ma nation ressemblent aux Prophètes des Enfants d'Israël.»[4] Parmi eux, Omar se soumit à Dieu si sincèrement que, en tant que serviteur de Dieu, il fut bien plus efficace que ce qu'on aurait pu espérer de lui. C'est pendant son califat que l'Iran, l'Iraq et l'Egypte furent conquis. Les armées musulmanes œuvrèrent à travers un large territoire et furent dirigées par de grands commandants tels que Abou 'Ubayda ibn al-Jarrah, Shurahbil ibn Hasana, Sa'd ibn Abi Waqqas, 'Amr ibn al-'As, et Yazid ibn Abi Soufyan.

Jérusalem fut aussi conquis pendant son califat. Quand le commandant suprême des musulmans demanda aux prêtres de leur donner les clés de la ville, ils répondirent: «Nous ne voyons pas parmi vous celui à qui nous devons déposer les clés.» Ils avaient lu dans leurs livres religieux la description de l'homme qui serait qualifié pour recevoir les clés.

Alors les prêtres et les commandants musulmans attendirent pendant que Omar et son serviteur arrivaient à Jérusalem au moyen d'un chameau qu'ils montaient à tour de rôle. Bien que Omar régnât sur un vaste territoire, il ne possédait pas de chameau. Il avait emprunté celui-là à la trésorerie de l'Etat et s'était mis en route avec son serviteur. Quand ils approchèrent du fleuve du Jourdain, les commandants qui l'attendaient de l'autre côté étaient très anxieux et priaient: «Ô Dieu, fais que Omar soit à dos de chameau quand ils traverseront le fleuve, car ces Romains aiment le faste et la parade. Peut-être ne nous estimeront-ils pas s'ils voient le calife marcher en tenant les brides d'un chameau sur lequel se trouve un serviteur.» Mais Dieu avait destiné cette dernière mise en scène. Quand Omar s'approcha, les prêtres remarquèrent, entre autres choses, des morceaux cousus sur sa robe. C'était bien l'homme qui avait été décrit dans leurs livres et ils lui remirent donc les clés de Jérusalem.

Omar ne dévia jamais de la voie du Messager de Dieu. Alors qu'il était sur son lit de mort après avoir été poignardé par un esclave parsi, il refusait de boire et de manger parce qu'il était trop faible. Cependant, il priait toujours quand l'heure de la prière arrivait, même si cela faisait saigner ses blessures. Il disait: «Ceux qui ne prient pas n'ont rien à voir avec l'islam.»[5] Disciple exemplaire du Messager de Dieu, il allait lui-même devenir un exemple suivi par les générations suivantes.


[1]Bukhari, "Fadha'il al-Ashab," 1; Muslim, "Fadha'il as-Sahaba," 208-9
[2]Bukhari, "Fadha'il al-Ashab," 1; Muslim, "Fadha'il as-Sahaba," 212
[3] Ibrahim al-Halabi, Sira, 1:218
[4] 'Ajluni, Kashf al-Khafa', 2:83
[5] Ibn Sa'd, Tabaqat, 3:350; Haythami, Majma' az-Zawa'id, 1:295