Comment les protectionnistes en Turquie agissent-ils contre les initiatives et les services de la société civile ?
Les groupes protectionnistes ont peur de perdre leur contrôle direct sur le pouvoir et leurs intérêts collectifs particuliers au sein du système, aussi dirigent-ils leurs attaques contre le Mouvement Hizmet au moins en partie pour remédier à cette perte aux yeux du grand public et de leurs soutiens. Ils le font pour montrer qu’ils sont les maîtres et les propriétaires de tout en Turquie. Ils pensent que penser et agir ainsi est leur prérogative. Aussi ne respectent-ils et ne reconnaissent-ils pas la réussite et l’influence de personne dans l’espace publique, ni sa capacité à modifier les mentalités et les attitudes en Turquie et à guider ainsi les gens.
Les groupes protectionnistes ont un intérêt commun à garder le système fermé dans la mesure du possible. Ils réagissent de façon prévisible pour maintenir leur position acquise au sein de ce système en résistant aux initiatives et projets alternatifs. Tirant profit de l’imprécision de la loi et des cohortes qu’ils ont développées et installées dans la magistrature et dans l’armée, ils mobilisent contre la société civile et contre la consolidation de la démocratie constitutionnelle et participative. Ils considèrent les libertés, les droits et les idées différentes naissant dans la société civile en dehors de leurs cliques et de leurs clubs comme excessifs, inutiles et menaçants pour le système. Sous prétexte de protéger la laïcité et le système, ils ont toujours cherché à ramener tout ce qui est produit par la société civile à une lutte politique ou une manipulation politique.
En conséquence, lorsque la reconnaissance et le respect mutuels disparaissent, leurs sentiments agressifs passent au premier plan et sont dirigés contre leur « adversaire ». Les groupes protectionnistes qui sont sur le déclin au sein du système politique et qui ont perdu l’estime d’une écrasante majorité du grand public qu’ils méprisent, ont clairement montré dans les élections présidentielles de 2007, dans les discussions et dans le processus d’élaboration de la réforme constitutionnelle et des amendements, que leur intérêt commun est de garder le système fermé dans toute la mesure du possible. Ils réagissent de façon prévisible pour maintenir leur position acquise au sein du système en résistant au résultat souhaité. Ils mobilisent contre la société civile – dans le cas présent, contre le Mouvement Hizmet. Chaque fois qu’ils le peuvent, ils imposent des restrictions sélectives visant à exclure les critères d’entreprises et des services dépendant du mouvement social.
Parmi les restrictions de sélection et d’exclusion qu’ils imposent, on trouve l’obligation d’éducation mixte même dans le système scolaire privé, les obstacles à l’entrée dans certains départements universitaires pour les diplômés d’écoles professionnelles, en particulier ceux des écoles « Imam Hatip » (formation religieuse), l’interdiction aux femmes diplômées qui portent le voile d’accéder aux institutions étatiques et publiques et à l’espace public, la mise à l’index et le boycott des entreprises privées dirigées par des hommes d’affaires issus des communautés religieuses, l’ostracisme visant certains quotidiens et certains journalistes, et la révocation de certains personnels militaires ou judiciaires dont il apparaît qu’ils ne soutiennent pas l’idéologie protectionniste et ne mettent pas ses adhérents à l’abri d’actions judicaires.
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