Pourquoi y a-t-il des pauvres et des riches?
Dieu accorde aux gens la richesse et la pauvreté matérielles pour des raisons que Lui seul connaît. Par exemple, il se peut qu'une personne pauvre hérite d'une grande fortune quand un membre de sa famille ou un parent riche meurt. D'autres héritent de l'intelligence, de la perspicacité et du sens des affaires.
On rapporte que le Prophète a dit que Dieu accorde les biens de ce monde à qui Il veut, mais pour ce qui est du savoir, Il l'accorde à quiconque le veut. Ce hadith, bien que son l'authenticité ne soit pas confirmée, est très significatif. Il est clair que les possessions matérielles ne doivent pas être nécessairement vues comme un bien en elles-mêmes. Dieu n'accorde pas toujours la sécurité et le bonheur matériels à ceux qui les Lui demandent.
Il y a du bien dans tout ce qu'Il accorde. Pour un individu fidèle qui fait de bonnes oeuvres et donne en aumône de ce qui lui a été accordé, la richesse est un moyen de faire le bien. Or si l'individu a une foi faible et s'est égaré du chemin de la bonne action et de la charité, la richesse devient un moyen de faire le mal. Pour celui qui a abandonné le chemin de la bonne action, la pauvreté peut être une excuse pour s'engager dans la rébellion intérieure ou extérieure (ou les deux) contre Dieu. Ceux qui ne se soumettent pas totalement à Dieu, ou qui n'essayent pas sincèrement d'agir selon les enseignements de l'islam, trouveront dans leur richesse un moyen de détresse, une épreuve sévère et exigeante : Sachez que vos biens et vos enfants ne sont qu'une épreuve et une tentation, et qu'auprès de Dieu il y a une énorme récompense. (8 : 28)
Rappelons ici une parole du Prophète : « Il est parmi les adorateurs de Dieu certaines personnes qui, s'ils lèvent les mains et jurent par Dieu, Il leur accorde tout ce qu'ils veulent et ne les fait jamais porter de faux serments. Bara ibn Malik est l'une de ces personnes. »[76] Cet homme, le plus jeune frère d'Anas, mena une vie dans la pauvreté la plus extrême, ayant à peine de quoi se nourrir ou un endroit pour dormir. Bien que pauvre et en haillons dans l'apparence, de telles personnes étaient les plus aimées et appréciées en raison de leur piété sincère. Elles étaient louées et leurs actions étaient estimées avec l'assurance du Prophète qu'elles étaient parmi les personnes dont les promesses sont tenues par Dieu Lui-même.
On rapporte qu'un jour, quand Omar entra dans la chambre du Prophète, il vit sur son dos les marques de la natte rugueuse sur laquelle il avait dormi. Il se mit à pleurer, et demanda pourquoi les empereurs byzantins et perses vivaient dans la splendeur et le plus grand luxe tandis que le Messager dormait sur un lit si rugueux. Le Prophète lui répondit : « Ne consens-tu pas que nous ayons la vie future et qu'ils aient ce bas monde? »[77] Quelques années plus tard pendant son califat, alors que les trésors de ces deux empires faisaient désormais partie du trésor musulman, Omar continua à mener une vie très austère.
Ce n'est pas la pauvreté en soi qui est un bien, mais plutôt cet état d'esprit qui discipline (et triomphe de) l'aspect matériel de l'individu et l'oriente vers la vie éternelle. La pauvreté peut être un moyen d'acquérir cet état d'esprit. Mais pour certains, elle mène à la détresse, la rancoeur et l'ingratitude envers Dieu, qui est source d'incroyance. De même, la richesse et la sécurité matérielle peuvent conduire certaines personnes à la fierté et à l'amour-propre, leur faisant négliger les besoins d'autrui et leur dette envers Dieu. Une telle arrogance et ingratitude sont également source d'incroyance.
Le chemin le plus sûr pour le progrès des croyants est de comprendre que tout ce que Dieu donne est conçu pour les parfaire. Quelles que soient les circonstances personnelles, les croyants doivent tâcher d'améliorer le bien-être des autres et de faire confiance intérieurement et extérieurement au Tout- Puissant et Très-Miséricordieux. La meilleure attitude envers ce monde, qui n'est qu'un lieu de repos sur notre chemin vers la destination éternelle, est exprimée dans ce petit poème :
J'accepte, mon Seigneur, tout ce qui me vient de Toi,
Car tout ce qui me vient de Toi est mon bien ;
Que ce soit une robe d'honneur ou un linceul,
Que ce soit une épine pointue ou une douce rose,
Si cela vient avec Ta bénédiction,
C'est mon bien qui vient.
[76] Boukhari, Sulh, 8 ; Mouslim, Qasama, 24.
[77] Ibn Maja, Zouhd, 11.
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