Le mouvement Gülen, le dialogue, la tolérance, le respect mutuel et la compréhension
La tolérance et le dialogue sont les deux dynamiques les plus fondamentales et les plus larges du mouvement Gülen. Ces deux concepts qui furent d'abord développés sur une petite échelle sont devenus une quête pour une culture de réconciliation à l'échelle mondiale. Aujourd'hui, l'idée de vivre ensemble est une question dont les états modernes essayent d'élaborer les bases philosophiques. Le dialogue, la tolérance et la réconciliation n'ont jamais été aussi essentiels qu'aujourd'hui. Car les empires du passé ont été bâtis non pas sur la réconciliation mais sur le conflit et la guerre en termes de leurs relations internationales, politiques et légales. Différentes civilisations étaient séparées les unes des autres par de larges murs supportés par un contenu et des identités politiques, idéologiques et religieuses – et cela a inévitablement conduit au conflit. Pendant le long Moyen-Âge, le concept qui dominait en droit international était la « loi d'engagement ». Ce n'était pas le cas seulement pour les lois internationales, mais aussi pour les lois intérieures et l'ordre des États et des empires. On ne tolérait pas l'existence de différenciation religieuse ou raciale. Pour cette raison, tout au long du Moyen-Âge, le combat de l'homme pour la civilisation s'est exprimé par des passions et des luttes agressives et conflictuelles. Aujourd'hui, avec les nouveaux concepts amenés par la mondialisation, la recherche du dialogue entre les civilisations et les cultures continue.
Le mouvement de Gülen est un exemple clair de cette recherche, une recherche qui a atteint des proportions internationales. Gülen renforce cette recherche avec des bases religieuses, légales et philosophiques. L'un des objectifs de base des activités éducatives qu'il a entreprises à l'échelle mondiale est de tisser des liens qui conduiront au dialogue entre les religions et les civilisations.
D'après lui, les musulmans d'aujourd'hui ne peuvent pas construire leurs propres identités culturelles, sociales et existentielles sur des valeurs destructives comme le conflit et la confrontation. Cela n'est pas conforme aux valeurs humaines et universelles de l'islam. Les longues guerres du passé étaient liées au problème du pouvoir qui régissait les relations internationales de l'époque. Cela pourrait être le cas pour tous les empires politiques et formations religieuses. Mais aujourd'hui, l'humanité n'est pas en position d'endosser un tel conflit à l'échelle mondiale. Le système de valeurs universel de l'islam est fondé sur le principe de « paix, dialogue et tolérance ». C'est le principe que le Prophète exerçait à Médine. La population de Médine était composée de groupes appartenant à des religions et des cultures différentes. Le Prophète Mohammed agissait selon un système de valeurs qui surpassait même les déclarations universelles des droits de l'homme d'aujourd'hui – pour la première fois dans l'histoire. Ce que les documents historiques nous montrent est que les droits et responsabilités réciproques des différentes identités culturelles et religieuses étaient clairement définis et qu'un consensus était établi. D'après celui-ci, les non-musulmans étaient libres d'exercer leurs religions et leurs points de vue, leurs styles de vie et leurs cultes, personne ne devait s'immiscer dans ces affaires, et ils devaient vivre en partenaires dans une organisation pluraliste permettant l'autonomie religieuse, légale et culturelle. Dans une lettre qu'Ali, le quatrième calife, envoya au gouverneur d'Égypte, Malik b. Ashtar, il le formula dans une expression légale s'y rattachant. Selon Ali, les personnes vivant dans des régions gouvernées par les musulmans étaient divisées en deux groupes principaux : 1) « nos frères en religion, les musulmans » ; 2) « nos égaux dans la création, les non-musulmans ». Ils ont tous les deux droit à la protection. Aucune autre culture dans l'histoire n'a été capable de placer « l'autre » sur une telle base ontologiquement humaine et ainsi de l'exalter. Cette définition d'Ali mettait l'accent sur la parole du Prophète « Tous les hommes sont les enfants d'Adam, et Adam fut issu de la terre ».
L'interaction des premiers musulmans avec les nations et les cultures voisines se faisait entièrement selon des principes humains et moraux. Nous pouvons voir cette sensibilité islamique dans l'épisode suivant qui eut lieu six siècles après l'avènement de l'islam. Les Mongols qui régnaient sur la région de Damas au 13ème siècle avaient pris les musulmans, les chrétiens et les juifs qui vivaient sous leur protection comme esclaves. Un savant est allé parler au commandant mongol, Kutlu Shah, pour obtenir la libération des esclaves. Les Mongols refusèrent de libérer les esclaves chrétiens et juifs avec les esclaves musulmans. Le savant affirma alors d'un ton plus sérieux cette fois-ci : « La guerre n'est pas finie tant que les esclaves ne seront pas libres. Les chrétiens et les juifs sont sous notre protection, et nous ne pouvons accepter qu'un seul d'entre eux demeure un esclave ». Devant cette détermination, Kutlu Shah accepta de libérer tous les esclaves.
Telle était l'attitude de l'islam concernant les relations entre les gens, et pendant les périodes où ils se sont tenus à ces principes de tolérance et de dialogue, les musulmans ont développé une perspective large et libératrice garantissant les styles de vie et les libertés de toutes les communautés religieuses et culturelles qui vivaient avec eux. Cette large perspective a contribué au développement d'un pluralisme fondé sur des acquis socioculturels dans les sociétés islamiques.
Aujourd'hui, le mouvement Gülen essaye de répandre le pluralisme social basé sur le principe de la tolérance à l'échelle mondiale. Indubitablement, le pluralisme du passé était limité à des principes religieux. Mais aujourd'hui nous avons besoin de bases culturelles et politiques plus larges. Pour produire une telle culture de réconciliation, les membres des différentes civilisations doivent apporter une contribution positive à ces efforts. Il y a des valeurs humaines et universelles dans les héritages passés et culturels de toutes les nations qui conseillent la tolérance envers les styles de vie des cultures différentes. Celles-ci doivent être mises en avant et organisées de sorte qu'un pluralisme partagé et vivable puisse être établi sur terre. C'est à ce moment-là seulement que les efforts du mouvement Gülen trouveront la réponse attendue à l'échelle mondiale.
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